Pierre Develay
Une seule réponse de ma part : Allez-y !!!
Écrire est à la portée de beaucoup de personnes. Égaler Zola ou devenir prix Goncourt est certes autre chose.
Écrire, c'est d'abord se faire plaisir, qu’on ait du talent ou pas. Si vous trouvez un auteur qui a pensé, dès ses premiers mots couchés, qu'il était mûr pour l'édition, c'est probablement un prétentieux ou un gros optimiste.
Quand on a écrit pour soi et qu'on n'est pas mécontent de son œuvre, on a rapidement et naturellement envie de la faire lire à un proche, bienveillant si possible. Si l'avis est élogieux, montrez votre texte à quelqu'un de plus critique. Mais ne prenez pas non plus son avis pour argent comptant ! Mon recueil de nouvelles, primé lors d'un concours départemental, avait pourtant été déclaré très médiocre et impossible à éditer, par un auteur connu dont je tairai le nom.
Quand vous aurez terminé de rédiger votre prose ou vos vers (et l'aurez fait corriger si, comme moi, vous n'êtes pas un as de la conjugaison ni de la grammaire), vous allez chercher comment produire votre manuscrit sous forme de livre, ce qui est bien naturel.
C'est là que les coups au moral vont commencer à pleuvoir et les rapaces rôder sur votre désarroi...
Vous allez sans doute commencer par tenter votre chance auprès de grands éditeurs nationaux. Si vous avez tué vos parents ou vos enfants et étalé l'histoire, vous avez toutes vos chances. Idem si vous connaissez quelqu'un dans « la boutique ». Sinon ?... On estime à 1 sur 10.000 le nombre de manuscrit retenu parmi ceux qui sont envoyés par la poste sans que l'auteur soit « pistonné » pour arriver au moins jusqu'au comité de lecture (un auteur édité m'a même conseillé de "fayotter" auprès d'un auteur aux récits proches des miens, car c'est ainsi que lui-même avait pu enfin se voir entrouvrir une porte).
Ensuite, au fil des refus, vous allez devenir moins ambitieux et vous orienter vers des éditeurs régionaux ou locaux, même si ces maisons ont tendance à devenir aussi "difficiles" que les grandes. De plus, attention : elles ne sont pas riches, sont donc très fragiles et peuvent disparaître brusquement, sans crier gare. Mais comme vous aurez signé un contrat d'exclusivité avec elles, je ne sais pas ce que deviendront vos droits...
Vous aurez aussi envie de tenter l'édition avec des gourous qui vous promettront la lune sur Internet. Ils auront juste oublié de vous expliquer que la nuit était sans lune le jour de votre engagement.
Méfiez-vous aussi des éditeurs trop faciles d’approche. Il y en a un très célèbre qui vous rémunérera (après x relances de votre part) seulement après avoir vendu plus de 500 de vos livres. Autrement dit, si vous êtes inconnu, vous n’atteindrez jamais ce score et ne verrez jamais un sou. Le cocotier, c'est que vous lui céderez vos droits... à vie !
Il existe aussi "l'édition à compte d'auteur" qui représente à mes yeux une forme d'escroquerie, d'autant plus que la couleur est rarement annoncée au départ. En gros, pour un roman de 200 pages, vous donnerez 2.000 ou 3.000 euros à une personne qui va fabriquer votre livre, vous en vendra deux ou trois avec de la chance, mais vous laissera la charge de placer le reste avec un pourcentage ridicule de droits d'auteur. Le plus fort, c'est que si vous souhaitez offrir des livres, vous devrez les acheter car "l'éditeur à compte d'auteur" est propriétaire de vos livres que vous avez payés ! De plus, il ne vous proposera la plupart du temps aucune relecture pour corrections avant tirage. Et se faire arracher les yeux par trop de fautes peut dégoûter nombre de lecteurs...
Enfin, il existe les "publieurs" (qui ne se présenteront jamais ainsi, mais comme des éditeurs). Le plus célèbre d'entre eux ne vous demandera pas un sou pour créer (à minima) votre bouquin. Si votre manuscrit n'est ni raciste, ni homophobe, pas trop mal écrit, etc, vous serez retenu. Si vous souhaitez une couverture d'après un de vos fichiers photo, il faudra payer (très cher pour un vulgaire "copié-collé"). Si vous souhaitez une correction, idem (là, c'est justifié). Si vous souhaitez que votre livre soit référencé, vous devrez payer (cher), etc. Bref, il faudra payer pour tout... Donc sauf si vous acceptez de raquer, ou sauf si c'est vous qui faites intégralement la promo auprès de vos (très nombreux) amis, votre livre restera totalement inconnu du public. J'ai testé ce système qui m'a déçu.
À ce point de mon discours, vous devez vous demander ce qui reste à faire ?
J'aimerais bien le savoir moi-même !... J'espère seulement vous avoir informé et mis en garde vis-à-vis de certaines pratiques. N'hésitez pas à demander à des auteurs, que vous pourrez côtoyer dans les salons, la façon dont ils s'y sont pris. Mes expériences personnelles, les voici. Elles ont trouvé quatre issues :
Pour le théâtre, je suis passé par Art & Comédie qui sélectionnait moyennement ses textes et demandait une participation substantielle à l'auteur pour l'édition. Mais les droits SACD perçus sur les représentations permettaient d'amortir l'engagement financier initial. Aujourd'hui, la donne a malheureusement changé. Sous couvert d'une meilleure rémunération des auteurs, cet éditeur est devenu très sélectif et a refusé mes dernières pièces. Tant pis pour lui, puisque je les offre gracieusement aux troupes qui le souhaitent.
Mon recueil de nouvelles a été édité à l’époque par Solaedit qui travaillait exclusivement par internet. Le rapport tarif/prestations était correct. L'auteur restait propriétaire de ses droits et recevait l'intégralité des livres chez lui. Un catalogue en ligne permettait de faire connaître ses œuvres. Cette structure a évolué et vous pourrez la visiter avec ce lien : https://portaildulivre.com
Pour mes romans, j'ai privilégié l'autoédition qui revient moins cher que Solaedit, à condition de trouver une entreprise de correction haut de gamme et abordable financièrement (BK Corrections, dans mon cas) et de réaliser soi-même les graphismes et la mise en page aux normes dictées par l'imprimeur. J'avais opté pour la maison Jouve à l'époque, mais je conseillerais davantage Aquiprint actuellement (dont les process sont nettement moins tatillons pour un résultat similaire).
Mon dernier roman fut accepté (avec enthousiasme !) par une véritable éditeur de renommée régionale... jusqu'à ce que je lui dise que je quittais la métropole. Il a mis la clé sous la porte peu de temps plus tard.
Désormais, je passe par CoolLibri pour les impressions. Le site est très réactif et conseille très bien. Ses tarifs et prestations sont correctes, si on excepte la facturation hallucinante de ses livraisons dans les DOM (6 fois ceux de la Poste, à service égal).
N’hésitez pas à consulter les forums sur Internet quand vous rechercherez des renseignements divers, en particulier sur les éditeurs, histoire de savoir à qui vous aurez affaire. Je vous en conseille deux :
http://www.forum-mda.com/index.php (vraiment pas simple à utiliser) et surtout https://www.coollibri.com/blog/10-maisons-edition-populaires-2018/
Je reste à votre disposition si vous avez d'autres questions... auxquelles je m'efforcerai de répondre !
Bon courage !
Vous avez envie d'écrire ?